Un jour en France, les droits d’une femme

Je voulais poster ce billet le 8 mars, ma petite pierre personnelle pour la journée internationale des droits des femmes. Pas eu le temps, heureusement ou malheureusement ce combat-là n’est pas près de s’arrêter.

journé de la femme batman

J’ai lu ce tweet qui m’a renvoyée, brutalement, à une audience à laquelle j’ai assistée il y a quelques temps.

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C’était au TGI, j’y emmenais des élèves dans le cadre de l’ECJS (éducation juridique, civique et sociale, devenue EMC, éducation morale et civique, il y a beaucoup à dire là-dessus).

Au TGI il y a des juges, un procureur, souvent des avocats, parfois des traducteurs (quand le plaignant ne parle pas français), et puis des gens, plaignants et victimes. Des gens qui en ont renversé d’autres, ou qui se sont fait renverser, des gens qui sont entrés par effraction quelque part, qui ont conduit bourrés, et plein d’autres que j’ai oubliés.

Il y en a une que je n’oublierai jamais.

Une femme d’une trentaine d’années, accusée de ne pas avoir présenté, une fois, leur enfant à son père dans le lieu neutre (je ne sais plus le nom de la structure, un précédent jugement l’avait désignée) où celui-ci venait le voir.

Le droit de visite du père n’avait pas été respecté. Le procureur l’a chargée pour ça (peut-être était-il dans son rôle, mais il avait été bien moins virulent dans d’autres cas, ce qui laissait penser qu’il avait une marge de manœuvre certaine, utilisée contre cette femme).

Elle avait eu un problème de voiture, le garagiste confirmait. (Elle aurait dû trouver une solution).

A de nombreuses reprises, elle avait présenté son fils et le père n’était pas venu, la structure confirmait. (Là, le père était venu, l’argument était non avenu).

Comme pour respecter le droit de visite du père, elle devait, elle, amener l’enfant à plusieurs heures de route de chez elle, à des dates convenues pour lui (son travail impliquant de longues périodes à l’étranger), elle avait perdu son emploi, son ex-patron lui avait fait une attestation. (Et alors ? Bien qu’un juge ait désigné cette structure pour superviser les visites, elle pouvait le recevoir chez lui, ce n’était qu’une indication après tout)

Le père avait été condamné pour violences conjugales envers elle (eh bien justement, punir le père et l’enfant pour quelque chose qui s’est passé dans le couple, c’est inexcusable, pense-t-elle seulement à l’intérêt de l’enfant ?).

Le père avait également été condamné pour maltraitance envers l’enfant, c’est pourquoi il avait un droit de visite et non de garde.

En plusieurs années, le père avait manqué 11 visites, sans jamais prévenir (une journée de mobilisation de la mère et de l’enfant à chaque fois). La mère n’avait aucun recours car c’était le droit (pas le devoir) du père de voir son enfant, pas non plus le droit de l’enfant de voir son père.

Dans le même temps, la mère avait manqué une visite. Elle se retrouvait au tribunal pour cela. La loi de son côté, à lui, malgré tout. La loi et le pouvoir.

Comment vous dire ma rage ? Comment vous dire la nécessité absolue du féminisme ?

Je n’ai pas su le verdict. De toute façon, quel qu’il soit, elle est déjà lourdement condamnée.

 

 

10 commentaires sur « Un jour en France, les droits d’une femme »

  1. Et la situation de cette femme ne te semble avoir aucun lien avec une quelconque forme d’inégalité entre hommes et femmes? Tu penses qu’elle est la seule dans ce cas et que c’est une situation uniquement perso? Sérieusement?

  2. Dans ce cas je te conseille de commencer par t’informer sur les conditions matérielles et financières des mères célibataires en France, sur les inégalités salariales entre hommes et femmes, et sur les effets de la loi Boutin quant au logement des mères isolées. Tu apprendras plein de choses.

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