Rentrer le bois

Aujourd’hui j’ai dû rattraper très vite une bourde, huit stères de bois fraîchement livrées qui bloquaient la mini-pelle, laquelle doit repartir creuser d’autres trous demain.

Sans l’urgence j’aurais pesté, attendu un meilleur moment, en somme j’aurais traîné, et cherché de l’aide. Là, pas le choix, c’était moi ou personne, maintenant ou jamais, et il fallait le faire, alors j’ai allumé la radio, mis mes habits de chantier et m’y suis mise. J’ai pensé à préparé le terrain, à mettre des gants, à placer des palettes : je n’ai oublié que de m’étirer le dos, je m’en voudrai demain. Une seule pause, pour manger une clémentine, même pas savourée, prise par l’angoisse de ne pas finir avant l’orage, avant la nuit. Pas le temps de désemparer, c’était jouable mais tout juste, alors j’ai continué, un peu émerveillée quand même que ça avance, jubilant presque par anticipation de la tête que ferait le Chapeauté, lui qui croyait la chose infaisable en moins de deux jours.

Ce soir j’ai le dos dolent, une main un peu gonflée, quelques faux mouvements en sont la cause. Il est bien possible que pour une fois j’ai des courbatures demain, moi qui n’en ai jamais.

Et devant la maison il y a un tas de bois, mal agencé, mais qui permet à la mini-pelle de passer.

Back dans les bacs

Encore une fois souhaiter retrouver le chemin d’ici, petit à petit.

L’entrée dans l’automne, la maison en travaux depuis cinq mois, les avancées et les emmerdes, les doutes toujours.

M’adressant à moi-même, j’oscille sans cesse entre « tu te débrouilles bien » et « quelle imposture tu es ».

Un sentiment de grande solitude m’empreigne, la plupart du temps. Pas complètement subie, pas vraiment choisie non plus. Celles et ceux, les rares, que je voudrais dans le quotidien de ma vie sont loin, à raison. Iels vivent la leur.

Demeurent l’amoureux, nos enfants, et un peu trop de poids parfois. Sur lui, sur moi. Pouvoir compter absolument l’un sur l’autre, mais seulement sur cette personne-là. Avant la virgule, on respire, après, on étouffe. Non ?

J’ai lu aujourd’hui « l’écriture sauve ». Je ne crois pas avoir besoin d’être sauvée, mais épaulée, oui. Alors je me prends par la main, doucement, et je m’emmène ici.

A bientôt, j’espère.

Je ne me souviens pas

… de la dernière fois où j’ai monté à cheval. Je crois que je ne remonterai plus, tout me manque mais il me semble aujourd’hui que c’est une drôle d’affaire pour les chevaux, et qu’alors je m’y sentirai grotesque. J’aimerais bien avoir su, cette ultime balade, que c’était la dernière, avoir mémorisé l’odeur, la sensation précise des muscles qui se contractent et se détendent pour accompagner le mouvement du cheval, l’air sur la peau des joues. La cadence des sabots et celle de mon cœur, le placement des mollets, la sensation du cuir entre mes doigts, sa respiration à lui.

Alexas Photos (Pixabay)

Cette sensation d’être avec,  ce langage qui n’est pas une langue, cette complicité parfois évidente, parfois conflictuelle.

Cavalière, un des traits qui m’a définit pendant si longtemps, bien après que j’ai arrêté de pratiquer, parce que cela faisait partie de moi, parce que je croyais y retourner un jour. Demeure le palimpseste de ces sensations, souvenirs flous, mémoires partielles affleurant parfois, j’ai été capable de ça, je le suis sans doute encore, mais sans objet à présent.

C’était bien.

2018, here I rise {mes résolutions}

… peut-être. Peut-être que je vais risé depuis mon lit aussi.

En tout cas c’est le post traditionnel une année sur deux de non-résolutions pour la nouvelle année, celle des jours qui rallongent, pas celle des bourgeons qui bourgeonnent ni de la bougie qui bougonne ou du cartable qu’on remplit de Toblerone. (C’est beau comme du MC Solaar).

Quel sera mon mot totem cette année ? Il y a deux ans, c’était indulgence, et il était tellement important qu’il a rebeloté en 2017. Cette année, je crois que ce sera détente, ou peut être souffle. Ne pas m’accrocher, vivre et laisser vivre, profiter, croire que les choses vont bien tourner.

Et un jour, vivre au bord de la mer …

Je ferai le bilan de mes non-résolutions / défis / projets de 2017 dans un autre post, allons-y pour mes envies de cette année.

_ C’est pas très funky mais c’est une nécessité absolue alors allons-y : devenir hyper rigoureuse sur nos dépenses et nos comptes. Avec le crédit qui arrive et mon seul salaire, ça va être indispensable. J’ai énormément progressé l’an dernier là-dessus, il faut que je continue.

_ M’engager pour les réfugiés. Ce qui arrive en France, en Europe est terrible. J’ai honte quand j’entends les informations, le nombre de morts en mer, les camps, les chasses à l’homme, à l’enfant … Je ne sais pas quoi faire, d’où je suis et avec mes maigres moyens, mais il faut. Il faut.

_ Me dire davantage « bravo » et moins « corrige cela » (comme je le fais déjà pour mes enfants).

_ Relire mon roman de 2016 et l’envoyer à au moins six maisons d’édition.

_ Reprendre une activité physique (Qi Qong et course ?) avant l’implosion.

_ Prendre soin de mes ami.e.s. Toutes les semaines, envoyer à l’un ou l’une un mail, une carte, une pensée.

_ Recommencer un suivi médical pour Ava, qui sous prétexte qu’elle a l’air en forme, n’a pas vu la pédiatre depuis un an (alors qu’elle n’en a pas deux …)

_ Me marrer davantage. Et créer de la dette. Parce que c’est notre projet.

Et elle, elle crée de la dette ?

Et vous, un élan particulier pour démarrer l’année civile ?

(Un élan particulier cherche une élane particulière)

(Pardon, j’ai peu dormi, Ava a fait la barre médiane du H dans le lit).

 

 

Végétarienne débutante #2 : les menus

Comme promis, voici la première semaine de menus végétariens. Je ne suis pas sûre d’en mettre d’autres avant un moment, car on est très routiniers en ce qui concerne la bouffe (on mange ce qu’on aime, et ça ne nous dérangerait pas de manger le même plat à chaque repas), donc on change avec les saisons essentiellement.

On prend dix minutes pour faire les menus le samedi avant le marché parce que ça nous fait économiser du temps et de l’énergie (« t’as une idée pour le repas de ce soir ? » a disparu de nos fins d’aprem, et ne nous manque pas), de l’argent (plus de gâchis), de la place (on achète exactement ce dont on a besoin, et pas « ce qu’on a fini et qu’il faut remplacer »). Après il est fréquent que des repas changent de place, voire qu’un s’annule et soit remplacé par des restes par exemple.

Il y a des jours à deux repas, et des jours à un seul, quand il n’y a que les adultes à la maison le midi et qu’ils se nourrissent de tartines.

Tous les repas sont accompagnés de crudités mais je ne le note pas à chaque fois. En dessert on a accès à : des fruits, des compotes, parfois des yaourts.

Les fajitas (qu’on appelle chez nous tortillas parce que c’est le nom de la galette) sont carnés pour les uns, et végé pour moi : avocat-tomate-concombre-yaourt-épices.

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Voilà, mangez bien !

Végétarienne débutante #1

Y a plein de billets #1 dans ce blog, c’est parce que je suis pleine d’entrain, dirons-nous.

J’entame cette série (qui avec un peu de chance en sera vraiment une) parce que ça fait plaisir à FloBoucled’Or (et à moi aussi, évidemment). Je ne vais pas y parler des raisons pour lesquelles cette décision est la mienne, juste de ma façon de faire (mes menus, mes courses, ces trucs-là).

Aujourd’hui j’ai 36 ans et je me suis demandée ce que je me souhaitais pour cette année. Mes cerveaux (le ciboulot et les tripes) ont immédiatement produit deux réponses, à croire qu’elles attendaient en coulisses depuis un moment : devenir végétarienne et reprendre mon vélo. Dont actes.

Je vais donc arrêter de manger des animaux (poissons compris), en revanche je ne vais pas pour l’instant devenir végétalienne (donc je vais continuer à consommer produits laitiers, œufs et miel, en gros), donc pas besoin de me prendre le chou sur les protéines ou le complément alimentaire (sachez que la prise de chou, si l’option végétalienne vous intéresse, est minimale et ne devrait pas vous décourager).

Je mange déjà relativement peu de viande (= pas à tous les repas mais plusieurs fois par semaine quand même), néanmoins c’est un changement conséquent. Je suis pour l’instant la seule de la famille à devenir végétarienne : le Chap et les deux mômes continueront à consommer de la viande, mais sans doute moins.

C’est surtout le Chap qui cuisine, nous établissons les menus pour la semaine et faisons les courses le samedi. On a aussi un potager. Rendez-vous donc demain pour pour la première semaine de menus végé friendly !

Pour la vie sociale (ie la cantine et les restos) ça peut être plus difficile puisque nous vivons dans une cambrousse à tradition charcutale élevée.

En attendant, ce soir c’est fête et on a commandé des pizzas : une végé sans poivrons (et hélas sans cœur d’artichaut, je suis tombée sur la seule pizzeria de France qui n’en met pas dans sa végé), une trois fromages et une que je ne mangerai pas.

Je ne sais pas si ça se sent à la lecture, mais je suis joyeuse de ma décision !

Bon appétit !

Mes résolutions pour 2016, bilan

2016, au niveau mondial, me laisse sans voix. Démunie. Alors je rentre dans mon terrier, je me réchauffe, je me nourris, pour mieux revenir au monde, j’espère. Au grand Dehors avec ces frères et sœurs humaines qui souffrent, et à qui je saurai alors comment tendre la main.

Mon terrier, ce n’est pas un trou, c’est là où je me construis, où je grandis, petit à petit. Cet endroit dont le centre est mon nombril – pas comme le monde donc (ouf).

Je me rends bien compte que cette introduction sonne un peu comme des excuses (pour les quatre personnes qui lisent ce blog), c’est sans doute un peu ce qu’elle est, passons cependant à la suite.

Au mois de janvier, j’avais pris des résolutions, nous sommes en décembre, le temps du bilan est arrivé.

 

J’avais prévu

Un ou deux projets assez costauds (chronophages ou ambitieux)

Valider assez de mon master 2 pour imaginer le finir l’an prochain).

J’ai validé mon premier semestre (à part une UE), mis en pause le projet pour cette année, et je devrais reprendre et finir l’an prochain. Sans enthousiasme. Mais : check.

 Écrire une histoire pour enfants et la proposer à Timtimsia d’amour

Fait ! Et je l’aime beaucoup, ma petite histoire. J’espère qu’elle vous plaira aussi.

 

Des défis plus légers

Trouver mon mot-totem pour l’année (donc)

Mon mot totem pour 2016 fut indulgence. Il m’a été soufflé au lendemain de la naissance de K par une accompagnante à la naissance, et il est revenu à mes oreilles plusieurs fois. Ça a été l’indispensable de mon année, le mantra que je me soufflais quand je me sentais sur le point de craquer – et, plusieurs fois, ça n’en a pas été loin. Indulgence pour mon conjoint, pour Zoé*, pour moi, pour notre famille, pour nos amis. Pourquoi n’ai-je pas besoin d’invoquer l’indulgence pour Ava*, alors même qu’un bébé koala, qui tète jour et nuit toutes les deux heures maximum, c’est un tout petit peu épuisant ? Pourquoi ses besoins à elle me paraissent aller de soi (que je sois disponible pour les combler ou non au moment M), alors que ceux des autres, y compris moi, m’entravent si souvent ? Sans doute aurais-je à explorer ça l’année qui vient. (Mais je n’ai pas encore attrapé le mot, ou lui ne m’a pas cueillie, allez savoir.) C’était un bon mot totem, je vous le recommande.

Avoir re-couru au moins une fois d’ici la fin de l’année

Je suis retournée courir trois fois, je n’ai pas réussi à en reprendre l’habitude. Mais, d’abord, ça marche quand même ! Ensuite, j’ai quand même eu une année assez sportive puisque j’ai commencé Pilates et muscu en septembre, et qu’avant cela j’ai fait du Qi Qong presque tous les jours. J’aimerais bien me remettre à courir cependant, maintenant que j’ai perdu presque dix kilos, ça devrait de nouveau être agréable.

Apprendre à dessiner un renard

Ouais !

Bloguer plus souvent qu’en 2015 

5 en 2015, 14 (minimum, l’année n’est pas finie) en 2016

Consacrer un carnet à mon ailleurs professionnel, à avoir toujours sur moi

Ah ben non. Oublié.

Continuer le Bullet Journal qui est un outil qui me convient vraiment bien

Fait ! Avec des semaines où je le laisse, d’autres où je l’investis énormément. Et c’est bien comme ça.

Envoyer mon roman à au moins trois maisons d’édition.

Fait (et récolté un refus).

Cette année j’ai aussi réussi mon premier NaNoWriMo (j’en reparlerai !), commencé une formation d’accompagnante à la parentalité (ni bienveillante ni positive, juste à la parentalité), et puis fait quelques conneries et frôlé le burn-out une fois ou deux.

 

 

*C’est comme ça que je nommerai nos enfants ici, maintenant.

Et merde j’ai pas blogué en avril

Alors que ce mois de mai commence sous le doux parfum des gaz lacrymo que les fils de rhododendrons du gouvernement croient bon d’envoyer sur des manifestants lors de la traditionnelle manif-tranquille-et-familiale-du-premier-mai, ce que je ne commenterai pas sauf à dire que les ordures sont mieux au compost qu’en politique, je m’aperçois, et d’une, que je n’ai pas blogué en avril, et de deux, qu’en même temps j’ai des trucs à dire, et de trois pas tant que ça et que ça va être décousu. (C’était la première phrase).

 

Alors je me suis dit, m’en fous, vais faire comme en 2003 et raconter des petits bouts de ma vie sur mon blog, sans essayer de vendre (ça n’a jamais été le genre de la maison) ni de défendre quoi que ce soit.

Et comme on est au tiers de l’année (bordel) (les années passent de plus en plus vite au fur et à mesure que l’on vieillit paraît-il, et le mitan de notre vie subjectivement vécue serait autour des 20 ans) (PAF !), je vais faire un bilan des mes bonnes non-résolutions (comme ça c’est normal que ce soit décousu, tu vois ?).

Munster2 : bon ben. J’ai lâché l’affaire à la naissance de K, pour d’assez bonnes et d’excellentes raisons. Je finirai l’an prochain (j’espère). Je sais sur quoi je veux faire mon mémoire, et j’ai validé tout le premier semestre (sauf ce qui est lié au mémoire, donc).

Écriture : j’ai écrit une histoire pour enfants et je l’ai proposée à Timtimsia d’amour. A suivre …

Mot-totem pour l’année : indulgence. Pas besoin de détailler, si ?

Course : j’espérais m’y remettre dès le printemps, pari tenu, j’ai couru trois fois cette semaine (reprise en douceur : 10, 20, 30 minutes) et c’est tellement bon (il y a une partie de moi plus jeune qui m’observe, absolument incrédule, en train d’écrire ça. Et pourtant c’est vrai).

Dessiner un renard, pas encore.

Bloguer plus souvent qu’en 2015, c’est fait (c’était pas dur mais c’est fait).

Consacrer un carnet à mon ailleurs professionnel, à avoir toujours sur moi : non mais mes idées se sont bien éclaircies à ce sujet.

Bullet Journal : oui oui oui mais parfois pas et c’est très bien comme ça.

Envoyer mon roman à au moins trois maisons d’édition : alors là … rien nothing wallou. Je bloque, mes petits amis, parce que voyez-vous, il pourrait être lu.

Tout cela est encourageant et je mesure l’importance que cela eu, pour moi, de prendre le temps d’écrire ces quelques projets pour ensuite y consacrer du temps et de l’énergie, comme si j’avais ainsi tracé un sillon, très léger mais qui guide néanmoins, qui facilite.

Rappelez-moi de vous parler de K.

J’espère que vous allez bien et que les gaz vous ont pas trop niqué les yeux.

 

L’uniformisation des mondes

Parfois tout me fait peur. Pas seulement les miséreux du monde frappant à nos portes et reçus à coups de batte (c’est là-dedans les coups de batte qui me font peur, entendons-nous bien), même ce qui se veut rassurant m’effraie. Les salons et les cuisines Ikea (ou Maisons du monde ou Fly ou La Redoute ou …). Les blogs à ligne éditoriale. Nos défis synchronisés, nos projets partagés photo après photo sur les réseaux sociaux. Les youtubeurs et leurs millions de youtubés – dont moi. Les citations tellement faites pour moi, réimprimées à l’infini. Les DIY, les tutos et les printables. Nos écritures similaires, nos narcissismes qui n’ont même plus rien de singulier. Nos jeûnes , nos diètes et nos détox, nos désencombrements et nos minimalismes que nous nous vendons à nous-mêmes comme des aventures modernes. Jusqu’à quel point sommes-nous nos propres dupes, jusqu’à quel point acceptons-nous de nous appauvrir ainsi à devenir les VRP de nos vies plutôt que de vivre ? La tentation faussement confortable d’être comme tout le monde – comme si cela existait. N’est réel là-dedans que l’aspiration elle-même.

Trouver au fond de moi le petit rien qui résiste, le petit caillou dans la chaussure, la graine encore fertile dans l’engrenage, pas encore aplatie. Souffler sur les paillettes et retrouver, en-dessous, le grain dur du bois ou de la pierre. Laisser exister ce qui en nous a peur de se déployer. Faire de la place en moi à ce qui n’est que moi – en lien avec quelques autres seulement.

 

Quatre

Elle est née.

Notre deuxième enfant.

La petite sœur de Z.

Un bébé qui ressemble au bébé qu’elle était, et qui en diffère : brune, tonique dès la naissance, sans fossette, sans coliques non plus jusque-là.

Un autre enfant.

Je ne pensais pas tomber amoureuse du deuxième enfant comme du premier. Et pourtant si. Les minuscules mouvements de son visage, l’emplacement des sourcils déjà si expressif, les mains qui jettent des sorts au ralenti.

Nous sommes quatre, et peut-être au complet. « Pour l’instant », dit-il. « Sans doute », dis-je. « Mais vous allez en faire mille, des bébés ? » dit Z. Et la dernière-née dort, regarde le monde, réclame les bras, le lait.

Nous sommes quatre.